Chapitre II
Petit périple de poupée
Chapitre II : Terre ! Terre à l'horizon !
La Reine des Fées partie, Marikoh fut entraînée dans une espèce de cyclone, d'où elle retomba quelques instant plus tard. D'abord étourdie et nauséeuse, il lui fallut plusieurs minutes avant de pouvoir enfin se rendre compte de ce qu'il venait de lui arriver. Ses yeux glissaient sur les éléments qui l'entouraient, comme si elle voyait sans remarquer. La première chose qu'elle identifia fut le ciel rougeoyant et la lumière blanche qui enveloppait les lieux. Elle se trouvait donc être au petit matin, « à l'heure ou blanchit la campagne ». Cette première vue lui sembla des plus agréables, et elle ne parvenait à s'en détacher... S'éloignant peu à peu de sa rêverie, elle prit conscience de l'endroit où elle avait atterrit. Il s'agissait d'une plage qu'elle supposait plus ou moins abandonnée...
C'est-à-dire que quand on voit un bateau échoué, il est difficile de prétendre que la plage en question soit fréquentée...
La douce fraîcheur de l'aurore, les couleurs qui l'entouraient, la végétation désordonnée qui avait y poussé, le bateau échoué, les mouettes au loin... l'aspect d'abandon et de vieillerie de cette plage la plongeait dans un calme, dans une sérénité qu'elle n'avait encore jamais ressenti. Elle sentait la mélancolie l'envelopper, quand le désir de la vie jaillissait en elle. C'était bien la première fois qu'elle, petite poupée de porcelaine, ressentait de telles émotions. Mais quoi de plus étonnant ? Car enfin, la porcelaine est un matériau si fin, si subtile... Non, vraiment, il n'est pas si froid qu'on a tendance à le croire !
« Bonjour jeune demoiselle ! »
Marikoh sursauta.
« Oh pardon... Je vous ai fait peur... Je-je suis désolée...
- Ne soyez pas si gênée, il était grand temps que je m'arrache à ces sensations... étranges.
- Quelles sensations ?
- Euh... des... sensations ! Qui êtes-vous ?
- Drôle de manière de répondre ! Faites un effort, je suis sûre que vous savez très bien qui je suis ! »
Marikoh réfléchi quelque instant... puis d'un ton perplexe affirma que non, elle ne savait pas qui était cette jeune femme devant elle.
« Je suis Aramine. C'est moi que la Reine des Fées a chargé de vous guider dans notre monde.
- Ah oui bien sûr... La Neko girl ! J'avais oublié, je m'excuse... Mais tout ceci est tout de même un peu plus perturbant que ce que j'avais imaginé... C'est si différent de mon monde d'origine !
- Je comprend. »
Durant tout cet échange, Aramine avait gardé un léger et délicat sourire.
« Bien, je vais commencer par vous présenter à la Reine, qui saura probablement vous trouver une chambre et un emploi provisoire.
- Un emploi ?
- Oui, bien sûr, il faut bien que tu puisses vivre !
- Mais... Je n'ai jamais travaillé de ma vie moi !
- Hahaha ! Ça je m'en doute bien, une petite poupée comme toi ! Je... euh... veillez m'excuser, je ne voulais pas vous manquer de respect... Vous m'êtes si sympathique que j'ai du mal à retenir ma familiarité...
- Comment ça ? Ah ! Mais ne t'inquiètes pas, tu peux me tutoyer sans problème !
- Oh merci ! En revanche, lorsque nous serons en public, il est mieux que nous nous voussoyons.
- … Et pourquoi cela ? Est-ce si grave ? Ne pouvons-nous pas être naturelle ?
- C'est que..., commença-t-elle en prenant un air gêné, cela risque d'être mal perçu car... Bon. Je suis la Princesse. Voilà. Mais je ne voudrais pas que l'on s'ennuie avec ce détail là, je souhaiterais que tu me considères comme ton égal. Ma mère est simplement dirigeante, d'accord ? Bon, allons-y ! »
Sur ce, Aramine entraîna la poupée dans un palais, situé un peu plus en arrière de la plage. Après avoir traversé plusieurs grandes salles que Marikoh n'eut pas même le temps de voir tant elles allaient vite, tant ce qu'elle voyait lui était inconnu, elles entrèrent dans le Grand Salon. La première chose qu'elle remarqua fut un parquet... pour le moins étrange. Puis son aspect vaguement chinois et ancien.
Au centre se trouvait la Reine Margaux.
Marikoh, comme Aramine le lui avait demander, s'agenouilla. Lorsque la Reine Margaux lui fit signe de se relever, la Princesse prit la parole :
« Bonjour ma mère. Je vous présente Marikoh, une poupée de l'Autre Monde. Elle vient seulement d'arriver. Voudriez-vous bien lui accorder une chambre et lui proposer son premier travail ? Elle n'a encore jamais travaillé. »
La Reine réfléchit quelque temps puis demanda :
« Demoiselle... vous ne devriez pas avoir de problème de force, étant une poupée...
- Non en effet, Votre Majesté.
- Bien. Alors je pense qu'il est grand temps que quelqu'un s'occupe de rénover notre plage... Aramine, vous conduirez cette jeune fille chez le jardinier. Je n'ai pas le temps de chercher une chambre pour elle, vous vous en occuperez donc. Au revoir ma fille. »
